mercredi 22 mars 2017

Le ménage, ce symbole daté du domaine de compétences féminines



Je n’aime pas faire le ménage. Quelle perte de temps, quel ennui, quel travail sans fin ! Rien de très positif là-dedans. Depuis des années, mon mari m’encourage à prendre une femme de ménage. Un temps, j’ai cédé. Pendant quelques mois, une dame – fort sympathique au demeurant - est venue chaque semaine à la maison faire le ménage. Ça m’a terriblement gênée ! Je n’ai jamais vraiment su dire précisément pourquoi. Je pense qu’il y a là un mélange de plusieurs facteurs : cette personne pénétrait mon intimité et connaissait mes petites manies et mes défauts. 
Elle était chez moi quand j’y étais aussi. Je travaillais à cette époque à mon domicile. L’entendre, sentir sa présence, alors que j’étais installée à mon bureau, m’empêchait de me concentrer : je me demandais ce qu’elle faisait, réalisais que j’avais oublié d’acheter tel produit ménager, etc. Résultat : le temps que cette femme devait me permettre de gagner ne l’était pas vraiment vu que je n’étais pas plus « productive » pour autant !
Et puis et surtout, l’idée même d’engager quelqu’un pour s’occuper de ma maison suggérait que je n’étais pas capable de le faire. Pas capable de m’occuper de mon intérieur ? Quelle honte ! Cela renvoie évidemment à l’éducation que j’ai reçue. J’ai toujours vu ma mère tenir impeccablement sa maison, alors qu’elle avait un emploi, deux enfants, un mari sur lequel elle ne pouvait pas compter… D’où me viendrait donc ce défaut de ne pas savoir tenir une maison ? Je ne pouvais décemment pas ne pas être capable de le faire. Je crois qu’il y a de ça. Alors oui, faire le ménage me semble sacrément une perte de temps, de l’énergie bêtement gâchée, ça n’a rien d’exaltant, de créatif, rien de réjouissant mais je suis capable de le faire. Alors je le fais… ou pas… et dans ce cas, mon mari me rappelle à nouveau que l’on peut engager une femme de ménage ! 
Je sais que je ne suis pas un cas isolé. Et cela fait partie messieurs, de ces sujets diablement glamour dont les filles discutent entre copines. Je sais que parmi mes amies, mes proches, d’autres connaissent cet espèce de paradoxe qu’il y a à se sentir femme de son temps, active, ancrée dans le réel, ambitieuse, et à la fois à se culpabiliser si l’on a du quitter la maison alors que le lave-vaisselle n’a pas été vidé ou le salon pas rangé. 
En janvier 2016, le journal britannique The Guardian publiait un article sur le sujet : "Do you do the ironing or do you take out the bins?"  La journaliste Laura Bates évoquait le cas d'une femme qui venait de réaliser, stupéfaite, que pendant 30 ans, son mari n'avait jamais nettoyé la salle de bains. Et Laura Bates de développer l'idée que bien que féministes, bien qu'attachées à l'idée de l'égalité des sexes, les femmes d'aujourd'hui continuent de passer deux fois plus de temps que les hommes sur des corvées ménagères. Curieux, non ?
Chez moi comme chez l'écrasante majorité des 70 femmes qui m'ont apporté leur témoignage, la réalité n'est pas différente. Pourquoi en est-on encore, nous les femmes, en 2017, à défendre, de façon plus ou moins consciente et avec plus ou moins de bonne foi, notre stature de maîtresses du foyer ?


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