mardi 4 avril 2017

Ambitions professionnelles versus désir d'enfant



Il y a une vingtaine d'années, bien qu'admise à l'Ecole des Mines et dans une école d'ingénieurs, Aurélie a fait le choix de rester à l'Université. Elle s'explique : "dès la fac, je me suis demandée ce que je voulais privilégier dans ma vie future, je me suis trouvée lancée dans un cursus scientifique et au bout du compte me manquait le côté humain du boulot et l’équilibre vie perso - vie au travail. Les horaires d’un ingénieur ne me semblaient pas permettre de profiter pleinement d’une vie de famille. D’où un changement de cap en licence vers le métier de professeur des écoles. Je réalise que je calculais déjà que j’aurais bien envie de profiter de mes enfants le cas échéant… Ça commence là la résignation par rapport au boulot…" 
Aurélie avait la possibilité de mener une carrière brillante et elle a fait un autre choix, a priori plus compatible avec une vie de famille. Certains pourront considérer qu'elle a gâché ses capacités en quelque sorte, fait le choix de la tranquillité et du confort qu'il peut y avoir à être fonctionnaire de l'Education nationale. Peu lui importe, elle assume : "Je suis très heureuse d’avoir fait ce choix et je n’ai aucun regret".

A l'inverse, Elodie est chercheuse. Depuis qu'elle a passé sa thèse, elle est reconduite de CDD de un an en CDD de un an. Dans son métier, l'avancement professionnel est compliqué. La recherche publique ne dispose pas de financements suffisants et du coup, les structures ont tendance à jouer la montre en employant les chercheurs en contrat à durée déterminée. Le problème, c'est que les chances d'obtenir de l'avancement, un CDI dépendent très clairement du nombre de publications scientifiques que le candidat aura signées. Or, quand on est une femme en âge d'avoir un enfant, l'équation est compliquée : "Si tu t'arrêtes, même six mois, t'es plus dans la course".

Là où Aurélie a senti dès ses études qu'elle devait freiner ses ambitions professionnelles si elle voulait avoir une chance de pouvoir construire sa vie personnelle et familiale sereinement, Elodie a foncé tête baissée dans la mêlée. Elle recule son projet bébé d'année en année. Mais l'horloge tourne et elle ne se voit pas avoir son premier bébé à 40 ans...


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